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Essais à la critique

8 mai 2008

Roméo et Juliette - Etude comparée de trois adaptations

Je ne poste cet article (très long je vous l'accorde) que pour donner quelques pistes d'analyse comparative de la scène du duel fatal dans Roméo et Juliette. Il s'agit d'un exposé rédigé en commun avec une amie : Le sujet invitait à comparer cette scène dans trois adaptations cinématographiques différentes de la célèbre pièce de Shakespeare. L'analyse peut donner une idée générale de chacun des trois films.


 

L'oeuvre Roméo et Juliette puise ses sources dans les grands modèles de la littérature antique et médiavale, et l'on constate qu'aujourd'hui elle a toujours un certain écho; C'est une pièce très connue, qui est souvent jouée au théâtre et qui fait même l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques plus ou moins fidèles à l'oeuvre originale. Le cinéma est un mode d'expression à la fois proche du théâtre (des acteurs interprétent un texte qui est mis en scène par un réalisateur avec une intention particulière), mais il permet aussi de « moderniser » ou du moins, de proposer une lecture différente de l'oeuvre, et d'en faire une parabole critique de notre société. Nous allons donc étudier le support cinématographique en tant qu'il apporte un nouveau souffle à la pièce Roméo et Juliette . Nous propoposerons pour cela une étude de la scène du duel (scène de transition parce qu'elle nous fait basculer du comique au tragique) dans trois versions tirées de  films qui reprennent l'histoire des amants de Vérone :
Roméo et Juliette (1968)
West Side Story (1961)
Roméo + Juliette (1996)


I. La scène du duel dans ROMEO ET JULIETTE,  de Zefirelli (1968)

Ce film, sorti en 1968, est présenté comme la première adaptation de la pièce à avoir eu du succès.
Il s'agit d'une interprétation classique de la pièce, qui reprend le même texte, se situe dans un décor naturel (véritablement celui de Vérone), et se passe à la même époque, c'est à dire au XVIème siècle. Le film s'inscrit dans le genre du film "de cape et d'épée" ou film historique.
La scène du duel est donc une adaptation stricte de ce qu'à écrit Shakespeare, sans prise de liberté par rapport au texte. Le parti-pris est de rester proche de ce qui a été écrit.

 

- Il s'agit d'un film historique (souci de paraître réaliste). Ainsi, décors et costumes tentent de respecter le plus fidèlement possible le les styles présents à l'époque de Shakespeare (costumes à collants colorés, coupe de cheveux, etc.). De plus, les scènes d'extérieur du film, et donc la scène du duel, ont été tournées à Vérone. Ce lien très étroit entre le film et le lieu qui a inspiré l'histoire des deux amants permet de renforcer le réalisme proposé au spectateur.

Le début et la fin de la scène se situent sur la place de l'église ( c'est à dire sous les yeux de la religion et de Dieu), lieu de représentation sociale où tout est publique. Cependant l'espace subit un changement : dans la première partie de la scène (la mort de Mercutio), personne d'autre que les jeunes des clans n'est présent. Cependant, à la fin lorsque tous retournent sur la place, la mort de Tybalt a lieu sous les yeux des bourgeois, des citoyens qui regardent cette aristocratie se déchirer. La place revêt donc son sens d'espace public, d'exposition sociale, soumis aux lois de la cité et non plus à celles des familles.

- Les costumes mettent en évidence le travail que Zefirelli a opéré sur les personnages. En effet, tout au long du film, les personnages sont étudiés dans leurs ambivalences, et c'est sans doute la seule prise de liberté de Zefirelli par rapport au texte. Les costumes de cette scène du duel et notamment les oppositions de couleur entre les deux familles, permettent une analyse des personnages.
Rouge, jaune, orange : ce sont des couleurs chaudes qui sont portés par les Capulets et Tybalt. Lui est un jeune homme belliqueux et arrogant qui témoigne d'une passion pour le combat et le duel : c'est d'ailleurs lui qui, comme dans la scène d'exposition, provoque en quelque sorte le combat. Cependant, son caractère est ambigu, puisqu'il ne veut pas, ne s'attend pas a tué Mercutio (il est étonné et semble pris de remords). Il est lui aussi un très jeune homme dont les actes sont déterminés par les vieilles haines familiales.
En opposition aux Capulets, les Montaigus sont représentés dans des costumes bleu pâles et des couleurs plus froides. En effet, si les jeunes gens ensembles applaudissent pour autant, ce sont les jeunes Montaigus qui sont rendus les plus sympathiques au spectateur au cours du film. Ainsi, Roméo a le physique policé d'un jeune premier aux yeux bleu et aux cheveux clairs. Il est le héros innocent et presque attendrissant, en raison de son jeune âge. Son arrivée sur la place dans la scène du duel est celle du héros pacifique, que tous attendent. Cependant s'il est plutôt insouciant dans ses premières répliques, c'est dans cette scène après la mort de Mercutio, que le personnage de Roméo est confronté au tragique. Il a une responsabilité dans la mort de son ami. C'est pourquoi c'est lui qui pourchasse Tybalt dans les rues de la ville qui devient lieu de combat. L'acteur choisit pour le rôle de Benvolio semble également figuré un personnage jeune, parfois naïf, au visage lisse.
Mercutio, comme dans le reste du film, a un caractère qui oscille entre l'humour et un certain malaise tragique, dialectique que Zefirelli met en évidence chaque fois que le personnage est en scène. Il est le seul habillé de noir dans le début de la scène : une façon d'annoncer l'issue funeste du duel? De même lorsqu'il utilise l'humour, il n'est pas dans la même insousiance que Roméo et Bénévolio. On pourrait presque parler d'humour noir. Il semble être un personnage plus emprunt de noirceur que les autres.

- Enfin le film, même s'il est l'adaptation d'une pièce, surfe sur la vague des péplums ou films historique de capes et d'épée des années 50-60. En effet, si Zefirelli ne prend pas de liberté par rapport au texte, il n'hésite pas a filmé de longue séquence de combat à l'épée entre les jeunes gens. La scène dure donc près d'une demi-heure et s'efforce de montrer l'héroïsme du jeune premier (Roméo) au combat : en témoigne les plans sur la mort de Tybalt où il semble levé son épée dans un effort surhumain et dramatisé.

Cette scène du duel, concrétisation du tragique chez Roméo, permet de cerner le traitement de l'ambiguité personnages, et donne l'occasion au réalisateur de nourrir cette classique adaptation d'une scène de combat de cape et d'épée.

 

 


 

II. La scène du duel dans WEST SIDE STORY de Robert Wise et Jerome Robbins (1961)

West side story est une comédie musicale (musique + danse + chant) sortie au début des années 60 (1961 très précisément). Le film, s'appuyant sur une musique du compositeur contemporain Bernstein, reprend l'intrigue de Roméo et Juliette : deux jeunes gens qui tombent amoureux, mais que la haine entre leurs deux clans empêche de vivre ensemble. Dans la pièce de théâtre, on ne sait pas quelle est l'origine du conflit qui oppose les deux famille. Ici Jerome Robbins et Robert Wise, les réalisateurs, choisissent de désigner le racisme comme moteur des affrontements entre les « Sharks », les blancs, et les « Jets », les portoricains.
A quelques différences près, on retrouve la même trame et les même personnage emblématiques de la pièce : les premières scènes mettent en place l'opposition Sharks-Jets. Un bal est organisé, où les deux bandes veulent aller se provoquer (duels de danse). La jeune portoricaine Maria (Juliette), tout juste arrivée à N-Y chez son frère Bernardo (Paris - Chef des Sharks), y tombe amoureuse de Tony (Roméo- ancien membre des Jets). Leur amour fait naître des conflits sous les yeux d'un agent de police tourné en dérision et appelé Le Prince.
Un rendez-vous est fixé entre les deux bandes pour un combat à main nue. C'est une des scènes du film qui, même sous la forme d'un combat chorégraphie et dansé, est la plus fortement chargée de violence.

 

- Décor
La scène se déroule dans un enclos grillagé comme ceux que l'on trouve au début de la pièce sur les terrains de sport au début de la pièce. Ce décor symbolise la façon dont les jeunes sont enfermés dans leur condition et leur opposition violente, prisonniers de leur querelle. Cette image d'étouffement cloisonné se retrouve à la fin de la scène quand Roméo tente d'échapper à la lumière d'une torche de policier qui le poursuit dans l'enclos. Cet espace grillagé, métallique et froid est dominé par un pont rouge, qui donne une perspective à l'image mais sans qu'il y ait d'horizon visible. Le décor est le premier élément visible de la scène, et donc déjà la première mise en place d'une tension.

-Musique et sons.
Les sons, qui jouent un rôle extrèmement important dans tous le film (symbolisent les deux groupes de jeunes ou la ville dans laquelle ils évoluent), contribuent à faire régner un vent de panique sur cette scène. On entend à plusieurs reprises le bruit de sirènes, signe de l'autorité de la ville qui rôde non loin : dans West Side Story, les deux gangs n'ont aucun poids social et donc aucune possibilité de rivaliser avec les autorités.
La musique quand à elle, exprime une tension, une sorte d'angoisse violente. Elle débute à peu près au moment ou Bernardo est jeté à terre, c'est à dire là où sont sortis les couteaux : ici débute véritablement le duel. La violence est accentuée par la musique qui utilise beaucoup les cuivres, pour l'expression d'une ambiance guerrière. En fond durant la bataille, un ostinato et de percussions.

-Mise en place et chorégraphie (étude linéaire de la scène)
-Arrivée des deux bandes, chaucune d'un coté symétriquement opposé (parrallélisme à l'oeuvre dans toute la scène --> montrer que finalement ces deux bandes évoluent de manière identique).
- Arrivée des Jets, image de supériorité (par plans en plongé et contre-plongé). Les deux bandes à gauhe et à droite ont la volonté de se jeter l'une sur l'autre. Tony, le personnage pacifique, arrive par le fond du plateau, au milieu (figure du héros qui lui n'est pas dans l'affrontement) et s'oppose aux affrontements. Cependant, il s'énerve, étant provoqué et traité de "trouillard". Gros plan sur sa main, qui doit agir dans le combat, mais qu'il considère avec doute : elle est l'expression d'une volonté de se battre qu'il n'arrive pas à contrôler malgré tout. Il cherche alors encore à séparer les combattants (Riff-Mercutio de Bernardo-Tybalt). Il est arrêté par d'autres qui ne veulent pas l'appaisement. Bernardo est jeté à terre : début du combat plus hargneux au couteau (gros plan --> violence et agression par le reflet sur la lame). Musique en ostinato rythmé = suspens et tension. Bernardo tue Riff, puis est tué à son tour par un Tony enragé --> déchainement de la violence.
-Combat: les deux gangs s'affrontent dans une sorte de fureur chaotique et infernale (lumières rouges). Cris des combattants. Musique rapide et saccadée. Coups non maîtrisés, chorégraphie du combat. Des duos séparés qui s'affrontent dans l'espace grillagé. La caméra est à présent oblique et les plans de la scène sont inclinés et penchés --> déstabilisation et perte d'équilibre.
-La sirène retentit et rappelle le sjeunes à leur condition de délinquants : ils fuient tous rapidement, unis dans la même peur. Cri de désespoir de Tony qui se rend compte qu'il vient de tuer Bernardo (frère de celle qu'il aime). Il est prisonier dans l'enclos de son désespoir et de sa position de criminel.

 


-Les personnages.
-appelons que les deux bandes, même d'origine ethnique différente, appartiennent à la même classe de la société, celle des pauvres : les jeunes sont désœuvrés et vivent misérablement. Même si les blancs critiquent les immigrés portoricains, ils sont dans la même condition. Ainsi à plusieurs moments dans le films les deux bandes sont comparées. Inconsciemment, ces jeunes se ressemblent en étant victime de ce qu'a fait d'eux la société.
-Tony : perso qui arrive au centre, donc pas dans l'affrontement . Caractère assez fade du jeune héros. Lui ne veut pas le combat car il a un enjeux, un but à sa vie, l'Amour.
- Bernardo : prétention et confiance en soi, mais aussi beaucoup de classe et de fierté chez ce personnage qui ne veut pas se laisser faire par sa condition .

Cette interprétation moderne de l'histoire de Roméo et Juliette nourrit le mythe en lui offrant une répercussion dans la société actuelle. L'utilisation de tous les arts de la représentation scénique (musique, décors, costumes, danse) permet d'en faire un film qui est intéressant pour son contenu artistique, pour sa critique politique mais également pour cette réécriture de l'histoire des amants de Vérone.

 

III. La scène du duel dans ROMEO + JULIETTE de Baz Lurhman (1996)

Le film de Baz Luhrman est l'adaptation la plus récente de la pièce (il date de 1996). Le parti pris est très clair : transposer l'histoire dans une époque moderne, proche de la société américaine. Le film utilise donc des décors contemporains, voir même très stylisés de façon « kitch » pour retranscrire l'histoire. Mais outre l'histoire elle-même, Lurhman semble aussi s'attacher à réinterpréter le texte pour en faire la métaphore de la société américaine. L'épisode du duel est ici mis en scène de  manière violente et tragique, de façon brutale, sans recul.

Dans la pièce originale, l'indication de lieu qui est donnée est « cour Borsini », ce qui supposerait donc un cadre médiéval. Dans le film, la scène se déroule sur une plage entourée de bars et restaurants. Elle est traversée par une population variée, des gens riches (les Montaigue et les Capulet) mais aussi une population pauvre, on aperçoit des enfants en habillons, vivants dans la poussière. Est-ce pour augmenter l'effet de pathos de la scène que Baz Lurhman les a ajouté ? Le réalisateur jongle entre des vas et viens entre la mer, la plage, les snack-bar, ce qui est très cinématographique : le spectateur absorbe à la fois le dialogue mais aussi des environnements très différents contrairement à une scène de théâtre qui impose un cadre statique. Il y a un élément important qui rappel tout de même l'origine théâtrale de l'histoire : une ruine qui dessine un théâtre (probablement le Globe).

 

C'est d'ailleurs sur « la scène » de ce vieux théâtre qu'aura lieu le duel et la mort de Mercutio. Concernant les accessoires et les costumes, on constate le même décalage entre époque médiévale et contemporaine : les épées sont remplacées par des revolvers, il y a des voitures, les personnages des Montaigue sont vêtus de chemises à fleur, bref on s'éloigne des stéréotype des costumes « classique » des gentilhommes médiévaux de l'époque de Shakespeare.

 

En ce qui concerne le déroulement de la pièce, Baz Lurhman reste proche du texte original : on y voit dans un premier temps le dialogue entre Mercutio et Benevolio. On y perçoit l'excitation de Mercutio et aussi son caractère humoristique (toujours prêt à la répartie, le débit de ses paroles ressemble à un rythme de rap ce qui dynamise le texte et permet de l'actualiser). Lors du dialogue avec Tybalt, le personnage de Mercutio est clairement celui qui aime le spectacle, il joue avec les mots, entraine avec lui la foule, comparé à Tybalt qui reste lui toujours dans la colère et l'agressivité. Leur conversation, rapide, monte très vite en puissance, et la tension atteint son paroxysme lorsqu'arrive Roméo. Dans l'ensemble de la scène, le jeu des acteurs est très excessif, démesuré. Lurhman reprend le manichéisme entre Roméo et ses amis, pacifiques ou drôles et Tybalt et son escorte, belliqueux et sans humour (habillés en noir). La musique est annonciatrice du duel tragique, elle a un rythme changeant, à la fois répétitive elle accélère brusquement pour s'adoucir ensuite, son air est discret, il ne fait qu'accompagner les acteurs.

 

Pour le duel en lui-même, on constate qu'il est divisé en deux parties entrecoupées par une scène avec Juliette, ce qui diffère de l'organisation de la pièce originale. La première partie a lieu sur le théâtre. Lurhman semble faire référence au duel de cowboy dans un premier temps avec le calme et la concentration qui apparait au ralentit sur les visages. Une façon de rappeler que la violence et l'absurdité des duels existe toujours dans les sociétés actuelles.

 

Après avoir refusé de se battre, Roméo se fait passer à tabac par Tybalt. L'image est assez violente et réaliste, le sang coule.

 

La mort de Mercutio a lieu comme dans la pièce : il se sacrifie, mais il est blessé par un morceau de verre. Son humour semble encore résister un moment (il annonce : « a scratch » de façon très théâtrale). Pourtant il titube, mais autour de lui, les gens ne comprennent pas immédiatement qu'il est mortellement atteint. Lorsqu'il sent sa mort imminente, il change complètement d'intonation, il hurle en vain contre la haine des deux maisons.

 

Le réalisme de la scène prend fin, pour virer complètement dans le tragique, les combattants sont pleins de sang et de sable, le ciel s'assombrit brusquement aux derniers mots de Mercutio qui résonnent comme une malédiction. Si jusqu'à présent le réalisateur avait choisi de filmer en gros plan, pour mettre en valeurs les expressions et la rapidité des personnages, il passe à un cadre beaucoup plus large. La lumière sombre, le ciel orageux et le vent qui balaye l'endroit amplifient l'instant tragique qui est mis en scène. Le corps de Mercutio semble se faire ensevelir par le sable, pendant que l'on distingue à peine Roméo et Benvolio en train de se débattre au loin.

 

Cette première partie alterne des moments vifs et d'autres plus intimes (Mercutio mourant qui parle à Roméo), et c'est la fatalité du ciel qui clôt la scène, le vide de l'image contraste avec le mouvement des secondes précédentes, et nous fait définitivement entrer dans le tragique de l'histoire.

 

Après une rapide scène très naïve avec Juliette, on revient au duel. Le gros plan sur le visage hurlant de Roméo, ses yeux rouges et sa colère expriment la rage et la haine qui se sont emparées de lui. Nous sommes loin du dandy romantique présenté au début du film, ou de l'amoureux transit.

 

C'est la nuit, et Roméo course la voiture de Tybalt. Il déclenche un accident ce qui les oblige à sortir des voitures et à se retrouver face à face. Roméo abat Tybalt de plusieurs coups de feu, il est comme dans un état second, le jeu de l'acteur est ici presque hystérique.

 

Mais dès que Roméo voit s'effondrer Tybalt, il semble reprendre ses esprits. Un flash très bref de Juliette survient entre deux images de Roméo qui se remet de son état de rage pour réaliser qu'il vient de tuer le cousin de celle qu'il aime. Ce flash annonce dores et déjà que le destin des amants va se révéler compromis par ce qui vient de se passer.

 

Tybalt tombe dans l'eau, sous une statue religieuse, ce qui insiste de nouveau sur son caractère de dévot, largement souligné tout au long du film. Même son revolver est illustré d 'une image de la vierge Marie. Baz Lurhman a sans doute voulu souligner l'absurdité de la violence qui domine chez le personnage, alors que le message de la Bible et la figure de Marie représentent plutôt la paix et le pardon.

 

Après la mort de Tybalt, le ciel se remet à pleuvoir, ce qui nous rappelle la scène précédente. Roméo lève d'ailleurs les yeux vers les cieux pour s'écrier « Je suis le jouet de la fortune ». Le ......... de l'image laisse apparaître la proéminence de la statue religieuse qui rappelle encore une fois le rôle du destin auquel rien ne s'oppose qui domine dans Roméo et Juliette.

 


 

Conclusion
Nous avons donc pu voir que les interprétations cinématographiques de Roméo et Juliette ont toutes un style qui leur est propre. Chaque réalisateur, à partir d'une même histoire, propose un contexte particulier: une cité médiévale, une banlieue des États-Unis, une ville type Los Angeles. A travers le thème de l'Amour et de la Haine, ils renvoient tous à une réalité, qu'elle soit sociale, politique ou plus individuellement psychologique.


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8 mai 2008

"J'ai observé les clients."

DANS LE CAFÉ DE LA JEUNESSE PERDUE, P. Modiano (2007)

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Je ne dirais pas que j'avais accroché à la lecture de Dora Bruder, seul livre de Patrick Modiano que j'ai ouvert auparavant, et encore non pas avec une volonté propre mais à la demande d'un professeur de français. Cependant, Dans le café de la jeunesse perdue m'a attiré, par les critiques que j'en ai lu, pour les mots "jeunesse", "café" et pour l'esthétique de la collection NRF de Gallimard que j'affectionne particulièrement.
 
Une femme s'en va de chez son mari. Elle fréquente un café, le Condé. Plusieurs personnes s'y croisent, pour qui cette femme devient importante.
 
Le livre a été simple à lire. Agréable aussi. Je me pose donc la question de la qualité de l'écriture (allons-y, prenons ce risque de critiquer un auteur reconnu). Est-elle travaillée, intéressante? Ou plutôt, a-t'elle un STYLE ?
Toujours est-il que j'ai retrouvé dans ce roman des éléments relevés lors de l'étude de Dora Bruder. Tout d'abord la proéminence du "je". Il est perpétuellement présent, dans chaque partie du livre, alors qu'elles concernent des personnages différents. Tous s'expriment à la première personne. C'est le thème de la femme, Louki, qui les lie. Ils sont soit à sa recherche, soit fascinés ou amoureux.  Elle est ce qui donne une raison, de la valeur à leurs paroles. Et pourtant, c'est l'incertain qui enlise cette femme et ces hommes qui la décrivent. Jamais on ne les cernera précisément. Modiano me parait très proche de l'écriture biographique. Si dans Dora Bruder, il trouve le moyen de parler des événements - réels - de sa vie, il crée ici des personnages de manières très précise, tout en étudiant les moments, faits et causes qui vont les pousser à se rencontrer. On retrouve un personnage proche du biographe, le détective privé, qui va chercher à reconstituer la vie d'une femme tout en s'y retrouvant mêlé.
Le roman parait décrire une époque flottante, mais la notion de temps est déjà présente dans le titre : "jeunesse perdue". Ainsi, dans la description faite du café du Condé, si le temps semble s'être arrêté tellement chaque soirée se ressemble, il rôde autour de ces personnages de bohème : "J'ai observé les clients. La plupart n'avaient pas plus de vingt-cinq ans et un romancier du XIXème aurait évoqué, à leur sujet, la "bohème étudiante". Mais très peu d'entre eux, à mon avis, étaient inscrits à la Sorbonne ou à l'Ecole des Mines. Je dois avouer qu'à les observer de près je me faisait du soucis pour leur avenir. "
Les personnages tentent d'annuler le passage du temps en jouant des rôles "Rien n'a changé. Toutes ces années sont abolies", disent-ils pour se rassurer. Tous jouent, aucun ne se présente aux autres dans toute sa vérité. Mais ces corps de comédiens contiennent-ils seulement une vérité personnelle, celle d'un être qui ne serait pas personnage? C'est la mort de Louki qui les rappelle à la réalité, au temps, à ce qu'ils sont et ce qui ne pourra être comme avant.


8 mai 2008

INTRODUCTION

Critique: « art de juger les œuvres de l'esprit » et « jugement porté sur ces œuvres » (J. Scalinger, Lettres,
1580)

[Espace d'exposition de mes essais à la critique littéraire, cinématographique, musicale ou autre. L'indulgence est de mise: lycéenne en série Littéraire option Histoire des Arts, je n'ai que quelques années derrière moi pour juger de ce qui m'entoure et accroche mon regard. Pourtant, en parler est acte nécessaire, alors je m'y exerces progressivement. Il s'agit d'une expérience en construction. Aborder une oeuvre avec ce regard neuf que j'avais enfant, quand je pénétrais dans la salle noire, feuille blanche en tête, à la recherche d'images à imprimer en moi.]



SOMMAIRE (se complètera au fur et à mesure des ajouts)


-> MODIANO, Dans le café de la jeunesse perdue (Roman)



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